Le Bitcoin dévore l'électricité destinée aux pauvres du monde entier
- Next News
- 4 août
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Dans une course effrénée aux ressources énergétiques propres, le monde en développement est confronté à un défi sans précédent. Après des décennies de dépendance aux barrages et à l'énergie hydroélectrique comme principaux moteurs de développement économique, une concurrence féroce émerge du secteur du minage de cryptomonnaies, qui consomme des quantités massives d'électricité, menaçant de réduire à néant les espoirs des pays pauvres de sortir leurs populations de la misère.

Une lutte pour l'électricité bon marché : minage contre développement
L'hydroélectricité bon marché a longtemps été la pierre angulaire des plans de développement des nations en pleine croissance. Depuis les années 1950, des pays comme l'Égypte et le Ghana voyaient dans les barrages la clé de leur souveraineté nationale et de leur croissance économique. Aujourd'hui, ce rêve est éclipsé par les centres de données dédiés au minage de cryptomonnaies et à l'entraînement des modèles d'IA, qui se disputent la même ressource que les plus démunis.
Les pauvres : ont besoin d'électricité pour éclairer leurs maisons, faire fonctionner les appareils de base et alimenter les industries naissantes qui créent des emplois.
Les mineurs de cryptomonnaies : consomment des quantités astronomiques d'électricité pour résoudre des énigmes mathématiques complexes en échange de récompenses numériques. La consommation énergétique du seul réseau Bitcoin est désormais équivalente à celle d'un pays entier comme l'Australie.
Exemples concrets : comment le minage engloutit les rêves de développement
Plusieurs pays en développement illustrent comment les projets énergétiques sont détournés de leur objectif initial pour servir le secteur de la crypto :
Éthiopie : Après l'achèvement du Grand Barrage de la Renaissance, qui promettait de transformer le pays, les mineurs de cryptomonnaies consomment aujourd'hui près de 30 % de l'électricité produite, alors que quatre foyers sur cinq ne sont toujours pas légalement connectés au réseau.
Bhoutan : Dans ce royaume himalayen qui dépend presque entièrement de l'hydroélectricité, l'entreprise Bitdeer Technologies s'apprête à lancer deux centres de données qui pourraient consommer un quart de la production électrique du pays. Cette énergie aurait pu servir à des milliers de familles rurales qui dépendent encore du bois pour la cuisine et le chauffage, ce qui fait des maladies pulmonaires la deuxième cause de décès dans le pays.
Laos : Malgré son surnom de « batterie de l'Asie du Sud-Est », le pays a connu des coupures de courant l'année dernière à cause du minage, qui consomme plus d'électricité que tous les foyers réunis.
Géorgie et Paraguay : Ces nations ont été confrontées à des risques de pannes de courant en raison de la demande croissante des mineurs de cryptomonnaies, ce qui a déclenché des avertissements d'effondrement des réseaux nationaux.
L'attrait des revenus immédiats et les risques futurs
La promesse de revenus rapides provenant des centres de minage de cryptomonnaies est une tentation pour les gouvernements des pays en développement, qui y voient une solution rapide pour financer des projets de développement. Cependant, ce modèle comporte des risques considérables. Il pourrait créer une dépendance aux gains faciles, conduisant à ignorer les besoins fondamentaux de la population et à une répartition injuste des richesses, à l'image du sort des pays riches en pétrole dont les populations sont restées prisonnières de la pauvreté.
Cette situation pousse les banques multilatérales de développement, qui sont les principaux bailleurs de fonds des projets hydroélectriques, à reconsidérer leurs stratégies. Elles doivent s'assurer que l'électricité produite par ces projets est allouée au développement durable et équitable, plutôt que gaspillée dans une spéculation numérique qui profite à une petite élite mondiale au détriment de la majorité.
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